L’auteur de cet article analyse la manière avec laquelle les Amérindiens Makushi du Guyana utilisent, pour faire face aux menaces actuelles associées à l’anthropocène, des stratégies d’alliance liées à d’anciennes mobilisations, qui avaient pour but de résister aux rafles d’esclaves à l’époque coloniale. Les Makushi voient l’abattage du bois et les extractions minières par des étrangers comme des sources majeures de la déforestation, qu’ils considèrent comme cause principale du changement écologique et climatique. Aujourd’hui comme par le passé, ils forment des alliances ou des relations de partenariat avec divers étrangers – du missionnaire à l’éco‐touriste – pour résister aux excès et aux effets invasifs des mines et des plantations. Ces relations s’enracinent dans des ontologies chamaniques et tiennent une place centrale dans les actions effectuées par des Makushi vis‐à‐vis les étrangers, tant à l’époque coloniale qu’au cours de la période néolibérale. En croisant des données ethnographiques et ethnohistoriques, cet article analyse les contextes passés et actuels de ces relations et montre de quelle façon les continuités contribuent à conceptualiser davantage le plantationocène comme cadre alternatif, permettant une compréhension des changements écologiques et climatiques de l’anthropocène. Les concepts d’alliance et de résistance sont intégrés dans le cadre du plantationocène.