Cette vue d'ensemble de l'anthropologie russe contemporaine est en deux parties. Elle se concentre sur les travaux de plusieurs chercheurs et les situe dans le paysage changeant du monde universitaire russe. Le sujet principal que je traite est le débat sur l'identité académique de l'anthropologie russe depuis les années 1930 en tant que « science historique ». Étant donné qu'en anthropologie occidentale, l'histoire est devenue l'un des principaux modes d'analyse anthropologique et que le passage à l'histoire a marqué un repositionnement radical du sujet même de l'anthropologie, il est important d'explorer comment de telles configurations d'histoire et d'anthropologie fonctionnent dans d'autres traditions anthropologiques. Et de s'interroger sur les raisons pour lesquelles on se tourne vers l'histoire ou, au contraire, l’évite, pour des écoles anthropologiques nationales, continentales et transnationales spécifiques. Dans cette première partie, j'explore ces questions en mettant l'accent sur l'anthropologie en Russie dans le but de rassembler les relations entre anthropologie et histoire du point de vue de l'anthropologie du temps. Je demande quels cadres temporels soulignent la relation entre anthropologie et histoire. Enfin, j'explore ethnographiquement ces conceptions, c'est‐à‐dire à travers des entretiens ethnographiques avec des érudits russes, en plus de lectures attentives de leurs travaux.