Effets hétérogènes de la COVID‐19 sur la consommation, la dette et l'épargne des foyers canadiens. Dans cet article, nous développons un modèle multiagent afin de chiffrer l'impact de la COVID‐19 sur la dette et l'épargne des ménages. Compte tenu des disparités en matière de revenus, de portefeuilles de dettes ou de paniers de consommation, et afin d'obtenir un échantillonnage représentatif des foyers, nous avons fusionné les données de l'Enquête sur les dépenses des ménages et celles de l'Enquête sur la sécurité financière. Nous développons ensuite les trajectoires de la consommation et de l'emploi pendant la crise en tenant compte à la fois du risque hétérogène de chômage parmi les groupes démographiques, des transferts gouvernementaux et de la substitution parmi les catégories de dépenses nécessitant plus ou moins de distanciation physique. Les simulations de notre modèle montrent que la COVID‐19 produit un effet hétérogène sur la distribution des revenus. Les ménages à faible revenu connaissent le plus grand risque de chômage, mais les transferts constituent de généreux revenus de remplacement. Les ménages à revenu moyen ayant subi des pertes d'emploi voient leur dette augmenter le plus rapidement, les transferts ayant seulement compensé une partie de leur baisse de revenus. Quant aux ménages à revenu élevé, ils ont accumulé la plus grande partie de l'épargne non planifiée, car ils sont moins susceptibles que les autres d'être touchés par des mises á pied et font face à des baisses de dépense plus importantes en matiére de biens et services restreints par la distanciation physique (hard‐to‐distance spending). Nous constatons que la hausse de l'épargne pourrait générer un bref regain de la consommation mensuelle de près de 6 %.