Les limites de l'histoire : la réduction des possibilités dans le « plus historique des villages de l'Ontario »
L'identité distinctive d'un lieu dans la promotion du tourisme patrimonial constitue une stratégie qui accroît les possibilités d'attirer les promoteurs et les visiteurs en exprimant, captant et déterminant l'essentiel de ce qui fait le charme d'un lieu. L'utilisation d'une image de marque se veut un outil de commercialisation qui s'articule autour de représentations des lieux au moyen de symboles largement lisibles. L'image de marque impose toutefois des limites qui impliquent que les lieux restent figés dans des rapports temporels et de classe. Ces deux conséquences de l'image de marque locale ont toujours existé et c'est pourquoi nous soutenons qu'elle entraîne une série de répercussions particulièrement subtiles qui comportent des effets limitatifs sur le développement local en ces temps de néolibéralisme débridé. À partir des années 1960, de nombreux résidents et non‐résidents influents ont soutenu des initiatives visant à transformer le village de Cobalt, Ontario, en une destination touristique du patrimoine minier. C'est dans ce contexte que le village s'est inscrit en 2001 à un concours pour désigner le village le plus historique en Ontario. Ces efforts ont été fructueux, car le village a été déclaré site historique national par Parcs Canada, l'année suivante. Le village de Cobalt a profité de l'engouement suscité par ces deux événements et de la reconnaissance officielle comme lieu patrimonial pour lancer un nouveau programme de promotion touristique de son patrimoine minier. Toutefois, se doter ainsi d'une image de marque ne permet pas de rompre la relation de dépendance dans laquelle se retrouvent les régions ressources. Au contraire, un tel programme limite les possibilités de développement économique.