Une exploration du processus de développement territorial et ses incidences sur la forme urbaine à Hamilton, Ontario
Depuis une soixantaine d’années, l’étalement urbain a largement contribuéà façonner les villes canadiennes. Ce modèle de développement physique de la ville se traduit par une extension horizontale illimitée, une périurbanisation résidentielle en saute‐mouton et à faible densité, et une généralisation des parcs d’activités commerciales et des magasins entrepôts. Le cas d’Hamilton, Ontario, illustre bien le phénomène de périurbanisation et d’étalement qui a caractérisé les dernières décennies. Pourtant, l’univers qui concerne l’étalement et ses incidences sur la forme urbaine demeurent mal compris. Cet article vise à combler ce déficit de connaissances en proposant et en mettant à l’épreuve une série d’hypothèses sur les modes d’utilisation du sol, l’étalement et la forme urbaine. Des tests ont été réalisés à l’aide d’une base de données sur les espaces urbanisés à Hamilton, depuis les années 1950 jusqu’à 2003. Différentes techniques de statistique spatiale ont été appliquées, dont l’analyse des noyaux et des tests de distribution spatiale aléatoire (fonction K), pour étudier le nouvel univers des formes urbaines. Nous faisons l’hypothèse que, même si la ville est marquée par l’étalement, le processus d’aménagement aboutit à une structure urbaine polynucléaire. Pour étayer cette supposition, nous émettons comme seconde hypothèse que, sur le plan spatial, une relation symbiotique émerge autour des nouveaux pôles entre des occupations résidentielle et commerciale du sol. L’analyse porte alors sur le degré d’importance que prend le regroupement en grappe au fil du temps. Les résultats montrent que, même si la ville continue de s’étendre, des zones d’affectation mixte ont vu le jour récemment dans ces pôles. Le principal constat qui se dégage de notre lecture est l’émergence de la ville polycentrique. D’après les estimations effectuées à partir des données des années 1990, une relation étroite existe entre la localisation des aires d’affectation résidentielle et commerciale. Le regroupement en grappe de ces deux modes d’occupation du sol est de type bidirectionnel et se produit avec un décalage temporel de trois à sept ans. À la lumière des résultats de cette analyse centrée sur les noyaux urbains, une relation symbiotique entre les modes d’occupation du territoire tend à confirmer l’hypothèse de l’émergence d’une forme d’organisation polycentrique de l’espace urbain.