La lumière revêt une importance capitale dans la structuration des communautés d'arbres. L'exposition à la lumière des stades juvéniles et adultes est souvent utilisée pour caractériser le profile écologique des espèces d'arbres avec de nombreuses implications en gestion forestière et en écologie de restauration. La plupart des systèmes de classification de la tolérance à l'ombrage des espèces d'arbres tropicaux ont été définis sur la base des observations empiriques effectuées dans une zone spécifique et montrent en conséquence des contradictions entre les catégories assignées à une espèce donnée. Dans cette étude, nous avons cherché à quantifier les besoins en lumière pour la croissance des semis d'une espèce de bois d'œuvre africain de grande valeur commerciale, Lophira alata (Ochnaceae), en tenant compte de l'origine de ses populations. Dans deux expérimentations réalisées en conditions contrôlées: analyse de la réponse à la lumière et étude comparative de différentes populations, au sud‐ouest du Cameroun, et utilisant les graines collectées au sein de quatre populations (trois du Cameroun et une du Gabon), nous avons analysé la réponse quantitative des semis à l'éclairement. Après deux années de suivi, la mortalité des semis était très faible (< 3%), même dans les très faibles éclairements. La croissance et les patrons d'allocation de la biomasse variaient avec l'éclairement, les optima étant dans les éclairements intermédiaires (24–43%). La réponse des semis à l'éclairement variait également avec l'origine de la population. La population Boumba, à la limite nord‐est de l'aire naturel de distribution de l'espèce, a montré les besoins en lumière les plus élevés, suggérant une adaptation locale. En se basant sur le taux de croissance positif dans les faibles éclairements et la croissance maximale dans les éclairements intermédiaires, nous pouvons conclure que L. alata montre à la fois les caractéristiques d'une espèce non pionnière et celles d'une espèce pionnière. Les implications de nos résultats dans l'objectivation de la classification des besoins en lumière des arbres tropicaux sont discutées.