Résumé
Les immigrants intériorisent souvent une nouvelle identité nationale lorsqu'ils déménagent de pays, meme si cette acculturation psychologique implique qu'ils s'identifient à une culture dont les valeurs et les traditions sont différentes de leur culture d’origine. Quatre cent trois immigrants, provenant surtout d'Asie (54,4%) et d'Afrique (34,9%), ainsi que soixante-dix-huit Canadiens dont les parents avaient émigré principalement d'Asie (84,4%) ont complété un questionnaire portent sur leur intégration à la société canadienne et les barrières discriminatoires auxquelles ils se heurtent. Les résultants viennent appuyer la théorie de l'identité sociale (TIS): la mesure dans laquelle les immigrants s'identifiaient au Canada était inversement proportionnelle au préjugé culturel contre leur groupe alors que le degré auquel ils s'identifiaient à leur groupe culturel était directement proportionnel au préjugé culturel contre leur groupe (1re hypothèse). Autrement dit, une identité nationale forte modère la tendance qu'ont les immigrants (1re étude) et les Canadiens issus d’immigrants (2e étude) de favoriser leur groupe culturel par rapport aux autres. De plus, ces rapports antagonistes de différenciation identitaire étaient plus marqués chez ceux qui croient que leur patrimoine culturel et la culture canadienne ne sont pas compatibles (2e hypothèse). Inopinément, l'appui pour la 2e hypothèse était bien plus fort chez le petit groupe de Canadiens dans la 2e étude et le degré auquel ils s'identifiaient à la société canadienne et y participaient était inversement lié à la discrimination perçue. Ces résultats, parmi d'autres, viennent appuyer la valeur des politiques équilibrées en matière de multiculturalisme pour contrer le racisme et pour encourager les immigrants et les enfants d'immigrants à s'identifier de façon marquée à leur pays d’accueil tout en conservant leur patrimoine culturel.