Résumé
Le poète-président Léopold Sédar Senghor a à l′instar des auteurs romantiques allemands puisé dans la faune et la flore africaine une poésie de la nature qu′il utilisera dans un programme politique. Ainsi son « Royaume d′enfance » rappellera fortement « Le paradis de jeunesse » d’Eichendorff, lieux d′inspiration politique et patriotique. Senghor dira, parlant de sa lecture de la littérature allemande : « Vous comprendrez quelle était notre émotion et, à la réflexion, notre fierté quand nous lisions Novalis et les poètes romantiques allemands. Ils étaient retournés aux sources germaniques du Lied et du Märchen, et ils chantaient la lune après le soleil, la nuit après le jour, les images archétypes surgies de la forêt de l′Einfühlung. Rien ne pouvait plus fortement nous encourager à poursuivre le retour à l′ Ur-africa. » (Senghor 1968, p. 11) Cette littérature politisée sera utilisée pour répondre aux influences étrangères aussi bien en Allemagne qu′en Afrique occidentale encore sous domination française. Cet article va procéder à une relecture comparative de cette poésie de la nature tout en démontrant les positions politiques des deux auteurs.