Résumé
La prévention par la nutrition fait l’objet d’une politique volontariste de santé publique depuis le lancement, en janvier 2001, par le ministère de la santé, du PNNS (programme national nutrition santé) qui comprend des actions de prévention et de prise en charge avec des objectifs à atteindre et un calendrier précis. Le cadrage national du PNNS a été donné par un ensemble de lois, de réglementations et de lignes directrices assorties de financements et d’opérations de mobilisation. La revue des programmes régionaux et des projets d’actions locales montrent certaines faiblesses récurrentes: 1) insuffisance du cadrage méthodologique et de la mutualisation; 2) fragilité des dispositifs locaux peu institutionnalisés; 3) émiettement des actions; 4) faiblesse de l’évaluation; 5) engagements forts non tenus (retards liés à des aspects administratifs et budgétaire, axes du programme non développés). Les enjeux de la lutte contre l’obésité nécessitent la mise en œuvre effective des dispositifs prévus et la correction des points faibles signalés, en privilégiant la continuité dans les objectifs du PNNS qui restent pertinents, confortés par la loi de santé publique. Néanmoins, les stratégies préventives centrées sur l’obésité doivent tenir compte de deux risques. Le premier est de méconnaître la population sans surpoids mais pour laquelle des conseils nutritionnels sont quand même justifiés pour la prévention d’autres maladies (cancer, maladies cardiovasculaires, ostéoporose...) et qui peut risquer de ne pas se sentir concernée si la relation entre l’alimentation et la santé se réduit à ses aspects strictement pondéraux. L’autre risque, très préoccupant, est d’aggraver la stigmatisation des personnes obèses. Devant la multiplication des messages et l’importance des moyens mis en œuvre par le secteur agro-alimentaire, la mise en place de dispositifs garantissant au consommateur la qualité et la véracité de l’information nutritionnelle, par des moyens appropriés (juridiques, de contrôle...) est indispensable.