Résumé
Les premières inséminations artifi cielles avec sperme de donneur (IAD) furent réalisées dès la fin du XIXe siècle, mais la pratique de cette activité est longtemps restée clandestine, en grande partie du fait de la condamnation morale dont elle fut l’objet. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle une pratique structurée et plus ouverte de l’IAD a été mise en place, mais les mêmes condamnations s’exprimèrent à nouveau, assimilant ce mode de procréation à un adultère, à une pratique vétérinaire ou à la porte ouverte à l’eugénisme, les donneurs, eux, étant suspectés d’être fréquemment des psychopathes [1]. Ces attitudes négatives et culpabilisantes ne pouvaient qu’inciter les couples souhaitant devenir parents par IAD à cacher leur démarche, et ce d’autant plus que la paternité légale des hommes stériles était fragile. En Grande-Bretagne, les enfants nés après une IAD étaient illégitimes, et le fait d’inscrire le nom du père sur l’acte de naissance était considéré comme un faux jusqu’en 1987, où une disposition du Family Law Reform Act fut votée par le parlement pour permettre au mari de la femme inséminée d’être inscrit sur le certifi cat de naissance comme le père de l’enfant [1]. En France aussi, la fi liation des enfants conçus par IAD était très fragile, la paternité des hommes stériles pouvant être facilement contestée. C’est seulement en 1994 que la loi reconnut la fi liation des enfants conçus par don de gamète, celle-ci étant symboliquement confortée par le recueil du consentement des futurs parents devant un juge ou un notaire.