Resume
Le mythe selon lequel les Africains mâles ont des prouesses sexuelles exceptionnelles est bien connu. Il est donc impensable qu’ils puissent souffrir de dysfonction sexuelle masculine (DSM). Une enquête pilote sur la DSM et les causes du symptôme dysfonction érectile (DE) dans un groupe de patients hospitaliers a été menée.
Entre février 1997 et mars 1999, 166 hommes ayant une DSM ont été recrutés en série en consultation uro-andrologique à l’Hôpital Général de Yaoundé. Chaque patient a bénéficié d’une histoire complète, d’un examen physique et d’un bilan minimum.
L’age moyen des 166 hommes répertoriés était de 42,93 ans, avec des extrêmes de 19 à 81 ans. 88 patients (53%) avaient 40ans ou plus. 150 (90,36%) souffraient d’une DE depuis une durée d’au moins 6 mois. 38(22,89%) présentaient une anxiété de performance; 30 (18,07%) avaient des troubles de l’éjaculation (26 éjaculations précoces et 4 éjaculations rétrogrades); 22 (13,25%) avaient une anxiété de désir; 18 avaient une perte de libido.
Les prestations sexuelles antérieures de ces patients ont été décrites en terme quantitatif: 64,3% avaient moins de 3 érections par semaine. La description qualitative de la fonction érectile a révélé que les causes de DE étaient mixtes (40,5%), organiques (36%) et psychogènes (23,5%).
Les maladies associées aux DE organiques étaient le diabète (15,6%), l’hypertension (8,4%) et l’athérosclérose (6,0%). La DE psychogène était surtout en rapport avec la peur des maladies sexuellement transmissibles, un conflit familial ou conjugal, très souvent lié à l’infertilité du couple, l’infidélité, les difficultés financières et professionnelles et le stress.
La présente étude écarte le mythe selon lequel les aptitudes érectiles et les performances sexuelles de l’Africain sont liées à sa race. Les Africains souffrent de DE. Les pharmacopées traditionnelles ne traitent pas adéquatement la DE.