Résumé Objectif
Une tubulure de grand volume est utilisée pour fournir du dioxyde de carbone pendant les interventions par laparoscopie. À défaut de purger la tubulure avec du dioxyde de carbone avant l’insufflation abdominale, de l’air azoté pourrait être entraîné dans la cavité abdominale. Nous signalons un cas où l’insufflation initiale de gaz par voie intrapéritonéale a entraîné un collapsus cardiovasculaire immédiat nécessitant des manœuvres prolongées de réanimation. L’embolie intracrânienne persistante suivant l’arrêt cardiaque peut avoir été causée par une contamination par l’azote du gaz insufflé.
Éléments cliniques
Une patiente âgée de 12 jours a été soumise à une laparoscopie en raison d’une sténose du pylore. Au cours de l’insufflation initiale de l’abdomen, il y a eu une brusque diminution de dioxyde de carbone télé-expiratoire (CO2ET) avec une bradycardie et une activité électrique sans pouls. Trois heures après la réanimation et une pylorotomie ouverte, la tomodensitométrie a permis de documenter la présence de gaz intra-artériel dans les vaisseaux cérébraux et hépatiques, avec résorption suite à une oxygénothérapie hyperbare. Cinq jours plus tard, l’imagerie par résonnance magnétique a révélé des infarctus jonctionnels dans les régions frontale et pariétale droites. Il est fort probable que le gaz présent dans la circulation de la patiente plusieurs heures après l’événement était de l’azote, un gaz insoluble que le corps élimine difficilement, et non du dioxyde de carbone, un gaz hautement soluble qui se lie à l’hémoglobine et est rapidement métabolisé par l’anhydrase carbonique et éliminé par les poumons. La contamination par l’air ambiant de la tubulure d’insufflation à grand volume a permis à l’azote de s’introduire dans les cavités de l’organisme pendant une intervention par endoscopie.
Conclusion
La présence d’une embolie persistante à la suite d’interventions par endoscopie laisse croire que le gaz insufflé est insoluble. La contamination par l’air ambiant augmente l’éventualité d’un événement catastrophique pendant la laparoscopie et d’autres interventions par endoscopie.