Résumé
L’objet de l’étude était d’examiner les projets didactiques des enseignants dans le cadre de la construction de «co-narrations» avec de très jeunes enfants au cours des repas. En tant que genre, la pratique de la conarration se prête particulièrement à un travail didactique avec des enfants âgés de un à trois ans. Pourtant, les enseignants de maternelle/jardin d’enfants n’ont pas toujours l’habitude de faire de longs discours aux enfants. Les processus conjoints de création de sens et de négociation ont fait intervenir neuf enfants âgés de un à trois ans et trois enseignants de maternelle/jardin d’enfants2. Une observation et une analyse attentives ont révélé des valeurs culturelles inhérentes aux pratiques des enseignants. Huit différents modèles de pratique pédagogique ont été identifiés, et ceux-ci ont été illustrés par des co-narrations. Comme le montrent les données empiriques, les enseignants ne sont pas nécessairement liés par leurs programmes d’enseignement pour mettre en oeuvre les initiatives et les objectifs spécifiés. Progressivement apparaît une pratique dans laquelle adultes et enfants négocient ensemble les sujets dont il vaut la peine de parler. L’article met en doute la notion communément admise selon laquelle les enseignants sont des représentants d’une culture et les enfants des adaptateurs de culture. II démontre comment les enseignants s’adaptent aux contributions prévues des enfants. Ainsi, l’étude a révélé que, dans le cadre de cette pratique de négociation, deux garçons du groupe étaient surtout responsables de fixer l’ordre du jour culturel et d’influencer le programme quotidien. Une pratique adaptée à un enfant individuel s’est également dégagée comme un élément important.