Résumé Objectif
L’efficacité des corticostéroïdes systémiques demeure incertaine pour plusieurs maladies graves. Notre objectif primaire était d’obtenir l’opinion des intensivistes en Amérique du Nord concernant leur perception de l’utilisation des corticostéroïdes dans la pratique clinique.
Méthodologie
Sondage auto-administré sur papier.
Population
Intensivistes dans des hôpitaux universitaires ayant une expertise en matière d’études cliniques sur les maladies graves.
Mesures
Les éléments du questionnaire ont été créés dans des groupes de discussion; nous les avons ensuite peaufinés après avoir évalué leur sensibilité clinique et leur fiabilité de répétition et après des essais pilotes. Nous avons fait parvenir le sondage à des intensivistes d’expérience pratiquant dans certains centres nord-américains sélectionnés recrutant des patients pour l’étude multicentrique OSCILLATE ( Oscillation for ARDS Treated Early ) (ISRCTN87124254). Les répondants ont utilisé une échelle en quatre points pour noter la fréquence à laquelle ils administreraient des corticostéroïdes dans 14 contextes cliniques. On leur a également demandé de donner leur opinion concernant 16 indications ou contre-indications potentielles quasi absolues pour l’utilisation de corticostéroïdes.
Résultats principaux
Notre taux de réponse était de 82 % (103/125). Les répondants comprenaient des internistes généraux (50 %), des pneumologues (22 %), des anesthésiologistes (21 %) et des chirurgiens (7 %) pratiquant dans des unités médico-chirurgicales mixtes. La majorité des répondants a rapporté prescrire, dans la plupart des cas, des corticostéroïdes lors de bronchospasme significatif chez un patient sous ventilation mécanique (94%), en présence d’hypotension artérielle peu après un traitement aux corticostéroïdes (93 %), et pour un choc septique réfractaire aux vasopresseurs (52 %). Bien que plus de la moitié des répondants ait déclaré qu’elle ne prescrirait presque jamais de corticostéroïdes pour traiter une pneumonie d’origine communautaire (81%), une lésion pulmonaire aiguë (LPA, 76 %), un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA, 65 %), et un SDRA grave (51 %), la variabilité augmentait en fonction de l’acuité de la lésion pulmonaire. Les indications quasi absolues retenues par la plupart des répondants étaient une insuffisance surrénale connue (99 %) et la suspicion d’une pneumonie organisée cryptogénique (89 %), une maladie des tissus conjonctifs (85 %), ou d’autres maladies réagissant potentiellement aux corticostéroïdes (85 %).
Conclusion
Les répondants ont rapporté qu’ils prescrivaient rarement des corticostéroïdes pour traiter une LPA, mais qu’ils les jugeaient acceptables pour soigner les bronchospasmes, les insuffisances surrénales soupçonnées en raison d’utilisation précédente de corticostéroïdes, et les chocs septiques réfractaires aux vasopresseurs. Ces indications vont compliquer la conception et l’interprétation de toute étude future à grande échelle portant sur les corticostéroïdes utilisés pour le traitement des maladies graves.