Résumé
Avec la diffusion de la Nouvelle gestion publique, le contrôle qualité est devenu le modèle dominant de la gouvernance de la recherche. Dans ce contexte, le „High Impact Journal“ occupe une position centrale comme instance de garantie de la qualité. Cet article montre que la hiérarchisation des revues scientifiques en fonction de leur impact favorise le mécanisme de monopolisation de la recherche par le biais de processus de production matérielle de pouvoir de marché et de construction symbolique de l’exclusivité. Sous le règne du classement de Shanghai, ces processus aboutissent à une accumulation circulaire de capital matériel et symbolique par un groupe restreint d’universités dominantes au niveau mondial. La concurrence des chercheurs pour la reconnaissance par la communauté scientifique de leurs contributions au progrès de la connaissance comme un bien collectif mondial est colonisé par la concurrence d’universités entrepreneuriales pour les chercheurs, les étudiants et les fonds de recherche comme ressources génératrices de rendement. Les tendances à la clôture de l’évolution du savoir qui en résultent peuvent être contrecarrées par des mesures destinées à assurer la pluralité des instances de contrôle qualité, la mise en place de contre-pouvoirs au sein d’un système d’équilibre des pouvoirs (checks and balances) et des marges de manœuvre pour l’anarchie méthodologique.