La sarcoïdose est une affection systémique granulomateuse d’étiologie inconnue. À travers cette série hospitalière de sarcoïdose cutanée, on se propose d’étudier les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, paracliniques, thérapeutiques et évolutives de la sarcoïdose.Il s’agit d’une étude rétrospective colligeant 40 cas de sarcoïdose cutanée recensés dans notre service de dermatologie sur une période de 23 ans (Janvier 1993 et Décembre 2016).L’étude intéressait 40 patients répartis en 32 femmes (80 %) et 8 hommes (20 %). L’âge moyen était de 44 ans et 5 mois [11 ans–74 ans]. Le délai d’apparition des premières lésions était de 29 mois en moyenne. Les principaux signes fonctionnels associés étaient une dyspnée d’effort dans 9 cas (22,5 %), des arthralgies inflammatoires dans 5cas (12,5 %) et un syndrome sec dans 4 cas. Les lésions spécifiques de la sarcoïdose étaient des sarcoïdes à gros nodules dans 10 cas, des sarcoïdes à petits nodules dans 11 cas, les nodules dermo-hypodermiques dans 6 cas, des lésions en plaques dans 5 cas, une macrochéilite granulomateuse dans 3 cas avec 5 cas de sarcoïdose sur cicatrice et 3 cas de lupus pernio. Des lésions cutanées non spécifiques de la sarcoïdose à type d’érythème noueux étaient retrouvées chez 10 patients (25 %). Les lésions étaient localisées au niveau du visage chez 29 patients (72,5 %), aux membres supérieurs dans 14 cas (35 %). Des granulomes tuberculoïdes sans nécrose caséeuse au niveau cutané étaient retrouvés chez 18 patients. Une atteinte médiastinale et/ou pulmonaire était présente dans 48 % des cas. Le stade 2 radiologique était noté chez 11 patients (27,5 %). Les autres atteintes systémiques étaient une atteinte ophtalmologique à type d’uvéite antérieure dans 3 cas, des adénopathies périphériques dans 3 cas et une hépatosplénomégalie dans 1 cas. La biologie avait noté une lymphopénie dans 16 cas, une élévation de l’enzyme de conversion dans 15 cas, une hypergammaglobulinémie polyclonale dans 7 cas, une hypercalcémie dans 5 cas. L’intradermoréaction à la tuberculine était anergique dans 97,4 % des cas. Le traitement était basé sur les antipaludéens de synthèse chez 23 patients (57,5 %). On avait eu recours aux corticostéroïdes topiques chez 13 patients (32,5 %), aux corticostéroïdes par voie systémique chez 9 patients (22,5 %) et aux cyclines chez 10 patients (25 %). Le méthotrexate était indiqué chez un seul patient. L’évolution était favorable dans 18 cas, stationnaire dans 6 cas, défavorable dans 4 cas avec extension et/ou apparition de nouvelles lésions cutanées et/ou apparition d’atteintes systémiques associées.Les manifestations cutanées de la sarcoïdose très polymorphes sont présentes dans 25 % des cas et sont classiquement séparées en lésions cutanées spécifiques, histologiquement granulomateuses, et en lésions cutanées non spécifiques (érythème noueux, en particulier). Notre étude confirme cette diversité clinique. Les atteintes cutanées de la sarcoïdose permettent le diagnostic et conduisent à la pratique d’un bilan à la recherche des atteints systémiques qui font toute la gravité de la maladie et conditionnent le pronostic. Une prise en charge multidisciplinaire est souvent nécessaire afin d’optimiser le suivi et le traitement.