-L’adiposité lipodystrophique (ALD) désigne l’association d’un excès de tissu adipeux (TA) central et d’un déficit périphérique ou appendiculaire (TAapp). Nous faisons l’hypothèse qu’il existe un continuum entre le phénotype ALD et la sévérité du syndrome métabolique (SM).Dans cette étude observationnelle, 297 sujets, détectés cliniquement pour une répartition lipodystrophique de l’adiposité, ont bénéficié d’un examen de routine pour l’étude de leur composition corporelle par absorptiométrie biphotonique (Lunar ® iDEXA ® avec la fonction CoreScan ® pour le TA viscéral) analysant les paramètres suivants : masse grasse totale (MGtot), du tronc (MGtrc), des membres inférieurs (MGinf), supérieurs (MGsup), des quatre membres (MGapp), le TAV (en kg et en % de la MGtot). L’ALD a été évaluée par le rapport MGtrc/MGapp en kg (R-ALD). Les patients ont été regroupés en tertiles (Trl) de R-ALD d’une part, et les sujets les plus lipodystrophiques ont été comparé à ceux ayant un plus faible R-ALD selon une étude transversale de type cas-témoin avec appariement sur l’âge et l’IMC (en séparant les patients diabétiques des non diabétiques) d’autre part. La sévérité du SM a été estimée par le nombre de critères présents (parmi les 5 critères usuels selon les recommandations du NCEP-ATPIII).Les résultats concernent 155 femmes (F) et 142 hommes (H) âgés respectivement de 50,1±10,9 et 52±8,9 ans. Le R-ALD moyen pour chaque Trl est respectivement pour les F et les H : Trl1=0,9±0,1 / Trl2=1,27±1,7 / Trl3=2±0,3 et Trl1=1,3+/−0,2 / Trl2=1,7±0,1 / Trl3=2,4±0,4 (p<0,001). Pour les F et les H, tous les Trl de R-ALD sont significativement différents les uns des autres pour ce qui concerne le rapport TAV/ MGtot et les rapports MGApp/MGtot (kg), MGinf/MGtot (kg) et la MGinf (%) (p<0,001), mais pas pour l’âge, l’IMC, le tour de taille, ou les pourcentages de MGtot et de MGsup (tests de Fischer). Que ce soit chez les sujets diabétiques ou non, la comparaison des cas et des témoins montre qu’un R-ALD élevé reste associé significativement à une diminution de la MGinf (p<0,0001), de la MGapp (p<0,0001), ainsi qu’une augmentation du TAV/MGtot (p<0,0001). La sévérité du SM est associée au R-ALD, avec pour chaque classe de sévérité du SM : SM1=1±0,3 / SM2=1,1±0,2 / SM3=1,4±0,5 / SM4=1,6±0,5 et SM5=1,9±0,4 chez les F ; SM1=1,3±0,4 / SM2=1,7±0,6 / SM3=1,8±0,4 / SM4=2±0,4 et SM5=2,2±0,5 chez les H (ANOVA : p< 0,0001). Selon les modèles d’analyse multivariée, le R-ALD, le TAV, la MGinf et la MGapp sont significativement associés à la sévérité du syndrome métabolique.L’augmentation du TAV est associée à une répartition lipodystrophique de la masse grasse selon un continuum, y compris chez les sujets diabétiques. Lorsque le tissu adipeux des membres ne peut jouer son rôle de tampon, le tissu adipeux viscéral se remplit. Ce phénomène semble associé au syndrome métabolique. Plus la lipodystrophie est sévère plus le syndrome métabolique est sévère, et cette relation semble indépendante de la masse grasse totale et de l’IMC.