Des mutations du gène MEFV codant pour la pyrine, une protéine capable de former un inflammasome, sont responsables de la fièvre méditerranéenne familiale (FMF), la plus fréquente des maladies auto-inflammatoires. Nous avons cherché à savoir si les mutations de MEFV causaient une dérégulation spécifique de l’inflammasome pyrine ou si plusieurs inflammasomes étaient impliqués.Les sécrétions d’interleukine (IL)-1β, d’IL-18 et de TNFα dans les monocytes de donneurs sains (n=15), de patients atteints de FMF (n=26) et de patients atteints de cryopyrinopathies (n=3) ont été analysées, en réponse à une batterie standardisée de stimuli des inflammasomes NLRP3, NLRC4 et pyrine.Les sécrétions d’IL-1β et d’IL-18, mais pas de TNFα, étaient significativement plus élevées chez les patients atteints de FMF que chez les donneurs sains, en réponse à l’activation spécifique de l’inflammasome pyrine par la toxine B du Clostridium difficile. En revanche, il n’y avait pas de différence de sécrétion de ces cytokines entre les patients FMF et les donneurs sains en réponse à l’engagement spécifique des inflammasomes NLRP3 et NLRC4. Par ailleurs, contrairement aux monocytes des patients atteints de cryopyrinopathies, il n’était pas observé de sécrétion d’IL-1β en réponse à la stimulation par le lipopolysaccharide (LPS), suggérant l’absence d’activation constitutive de l’inflammasome pyrine. Enfin, la sécrétion d’IL-1β était significativement plus élevée chez les patients homozygotes pour la mutation M694V que chez les hétérozygotes, indiquant un effet de dosage génique.Les mutations de MEFV responsables de la FMF n’entraînent pas une activation constitutive de l’inflammasome pyrine mais plutôt un abaissement de son seuil d’activation spécifique, indépendamment des autres inflammasomes.