Lorsque des femmes et des hommes occupent des postes apparemment identiques, développent-ils exactement les mêmes pratiques de travail ? En partant d’une enquête sur les juges des enfants, l’article prend de front cette question délicate qui est rarement posée à propos des professions supérieures. Après avoir montré que le genre contribue à différencier les pratiques de ces juges, mais pas dans le sens des stéréotypes sexués, on met au jour les rouages par lesquels il opère. Loin de jouer isolément, uniformément, et indépendamment des contextes d’exercice, il agit par des voies complexes, parfois contraires, toujours étroitement articulées aux autres dimensions des trajectoires professionnelles et sociales. Ici, le genre exerce ses effets à travers deux médiations principales : les rapports que chaque juge entretient avec les normes psycho-éducatives, et ceux qu’il entretient avec les stéréotypes de genre.
When women and men occupy apparently identical positions, do they develop exactly the same working practices? Based on a survey of youth court judges, the article directly tackles this tricky question, one rarely raised in relation to the highest professions. After showing that gender contributes to differences in judicial practices, but not in the sense of gender stereotypes, it identifies the mechanisms through which it operates. Far from acting in isolation, uniformly and independently of the contexts of practice, it works through complex and sometimes contradictory processes, always closely linked with the other dimensions of professional and social pathways. In this case, gender produces its effects through two primary mediations: one, the attitudes of each judge to psycho-educational norms, and two, their attitudes to gender stereotypes.