Par analogie avec la neurosyphilis, le traitement de l’uvéite syphilitique est basé sur la pénicilline G intraveineuse. Cependant, des données préliminaires suggèrent que les céphalosporines de troisième génération et la benzathine pénicilline pourraient également être efficaces.L’ensemble des patients traités pour une uvéite syphilitique sur la période 2004–2014 dans 3 CHU ont été inclus. Les données ont été recueillies à j0, j8 et M1 après début du traitement. À j8, l’amélioration clinique était définie comme une diminution ≥2+ de l’inflammation en chambre antérieure, dans le vitré, et une diminution de la taille du foyer rétinien. À M1, la guérison était définie comme l’absence de cellules en chambre antérieure, de hyalite, de foyer actif, et de papillite. La guérison a été étudiée en fonction du délai entre l’apparition des premiers symptômes et le début du traitement, du type d’atteinte oculaire, du statut sérologique pour le VIH, du caractère anormal ou non de la ponction lombaire, du type de traitement (groupe A : pénicilline G exclusive ; groupe B : au moins 3jours de pénicilline G relayée par un traitement intramusculaire par céphalosporines de troisième génération et/ou benzathine pénicilline ; groupe C : traitement intramusculaire ambulatoire exclusif) et de l’évolution à j8. Les facteurs associés à la guérison en analyse univariée (seuil p<0,2) ont été explorés grâce à une analyse multivariée de type régression logistique pas à pas descendante ajustée sur l’âge et le sexe.Soixante-quatre patients (92 yeux) ont été inclus, dont 29 (45 %) étaient séropositifs pour le VIH (nombre de CD4 médians 324/mm3 IIQ 143–648). L’atteinte ophtalmologique était bilatérale chez 28 (44 %) patients, dont 14 (50 %) avaient une atteinte asymétrique. Les manifestations oculaires les plus fréquentes étaient la panuvéite et l’uvéo-papillite, présentes dans 35 (38 %) et 20 (22 %) yeux respectivement. Trente-et-un (48 %) patients avaient des lésions cutanées de syphilis secondaire dans les 6 mois précédant l’uvéite, et 36 (72 %) des 50 PL réalisées étaient anormales. Parmi les 51 (80 %) patients ayant un suivi post-traitement ≥ 1 mois, seuls 27 (53 %) étaient guéris à M1. En analyse univariée, seuls le caractère postérieur isolé de l’uvéite et l’amélioration précoce des lésions à j8 étaient corrélés à la guérison à M1 (p=0,01 et p=0,001 respectivement). Seule l’amélioration des lésions à j8 restait corrélée à la guérison en analyse multivariée (OR 11,2 IC95 % 2,6–47,9 ; p=0,001).Après un traitement initial par pénicilline G, le relai intramusculaire semble être une alternative au traitement par pénicilline G exclusive des patients évoluant favorablement à j8. Ces données pourraient faciliter la prise en charge ambulatoire des patients mais nécessitent d’être confirmées par un essai prospectif randomisé contrôlé.