Les notables progrès réalisés au cours des dernières décennies dans la connaissance des médiateurs et des circuits impliqués dans la genèse et le contrôle de la douleur n’ont pas débouché à ce jour sur la découverte de médicaments innovants. Or nous manquons d’antalgiques performants et sûrs, d’où les espoirs suscités par les anticorps monoclonaux ciblant le nerve growth factor (NGF) après que des travaux expérimentaux eurent révélé le rôle clé de cette neurotrophine dans le déclenchement et l’entretien d’un large éventail de syndromes algiques. Le tanézumab est la molécule pionnière dans le domaine et la plus avancée dans le développement clinique. Les données disponibles attestent l’efficacité des anti-NGF dans l’arthrose symptomatique ; des résultats plus contrastés ont toutefois été rapportés dans la lombalgie chronique commune, les douleurs neuropathiques et un modèle de douleurs dysfonctionnelles (syndromes pelvipérinéaux chroniques). Mais la survenue d’arthropathies destructrices chez des patients traités décida l’Agence étasunienne, The Food and Drug Administration (FDA), à suspendre les essais des anti-NGF dans les affections non cancéreuses en 2010. Sur proposition d’une commission consultative (Arthritis Advisory Committee) qui avait procédé à l’analyse approfondie du rapport bénéfice/risques des anti-NGF, la FDA autorisa la reprise, sous conditions, des essais thérapeutiques en août 2012. Des études complémentaires ayant établi la neurotoxicité des anti-NGF chez l’animal, la FDA prononça un second interdit en décembre de la même année. Bien que les négociations entre la FDA et les firmes concernées aient finalement permis de définir les indications et le cadre dans lesquels les futurs essais pourront être conduits, l’avenir des anti-NGF reste incertain.