L’enquête Handicap-Santé de 2008–2009 est la principale source de données actuelle sur ces thématiques pour l’ensemble de la population française résidant tant en institutions qu’à domicile. Suivant les recommandations de l’OMS d’utiliser simultanément la classification internationale de maladies (CIM) et la classification internationale du fonctionnement du handicap et de la santé (CIF), les concepteurs du questionnaire se sont attachés à mettre en œuvre une interrogation des personnes sur deux plans d’expérience à la fois distincts et proches : les maladies, d’une part, les déficiences, de l’autre. Favorisant une analyse complète des processus handicapants, cette démarche n’est pourtant pas sans induire quelques difficultés, notamment dans le contexte des troubles psychiques. L’article s’attachera à spécifier les origines et les enjeux de cette double interrogation, à en interroger les avantages et les limites, et à en étudier les effets pratiques, observés par le biais d’une enquête qualitative réalisée auprès de 44 personnes ayant déclaré des difficultés psychiques dans ces deux registres. Par l’étude de leurs déclarations sur les thématiques de l’anxiété et de l’humeur, il proposera des pistes de réflexion sur les critères à partir desquels les enquêtés spécifient leurs difficultés dans chacun des deux registres.
In France, the second national survey on health and disability, carried out in 2008–2009, is the main data source dealing with the disability process and concerning the whole population living either in institutions or in ordinary households. Following WHO's recommendations to use jointly the ICD and the ICF in surveys, the questionnaire was designed to investigate two planes of experience, close but distinct: diseases on one hand, impairments on the other. While promoting a complete analysis of the disabling processes, nevertheless this approach raises some difficulties, especially in the field of mental health. This article aims at identifying the reasons and challenges as well as the benefits and limits of this twofold investigation. It intends also to examine its concrete consequences, on the basis of a qualitative survey carried out among 44 respondents to the questionnaire who had declared having mental difficulties in both categories of experience. The way respondents differentiate disease and impairment when answering questions related to anxiety and mood suggests avenues for further reflection on the criteria people use to specify their difficulties in one plane of experience or the other.