La littérature rapporte jusqu’à nos jours plus de 40 cas de maladie de Takayasu (MT) associée à une maladie de Crohn (MC). Nous rapportons deux nouvelles observations. Les caractéristiques cliniques et paracliniques des patients présentant cette association seront étudiées.1 Il s’agit d’une femme âgée de 49ans au moment du diagnostic de la MC. Elle est déjà connue porteuse d’une MT depuis l’âge de 32ans (en 1987). La MT a été découverte suite à des douleurs de l’épaule droite résistantes au traitement symptomatique motivant la réalisation d’une imagerie en coupe. Celle-ci avait objectivé une sténose significative de la carotide interne gauche. La patiente a bénéficié d’un geste de revascularisation à type de pontage aorto-carotidien puis a été mise sous azathioprine en traitement d’entretien. Dix-sept ans plus tard, elle a consulté pour une diarrhée liquidienne intermittente associée à des coliques intestinales évoluant depuis 2ans La coloscopie avait montré une sténose ulcérée de la valvule de Bauhin (VB) dont l’examen histologique a conclu à des remaniements inflammatoires chroniques de la VB fortement évocateurs de MC. Le diagnostic était renforcé par l’aspect du transit du grêle qui avait montré une dernière anse iléale pathologique sur environ 10cm avec un aspect spiculé et des ulcérations fines. Le diagnostic de MC en poussée légère a été retenu. La patiente avait bien évolué sous traitement symptomatique. Dix ans plus tard, la patiente a présenté des syndromes subocclusifs en rapport avec vers une sténose de la dernière anse iléale nécessitant une résection iléocæcale. Concernant sa MT, l’évolution a été marquée par l’apparition de multiples thromboses artérielles et de sténoses des artères sous-clavières et vertébrales indiquant une anti-coagulation par des anti-vitamine K.Observation 2 Il s’agit d’une patiente suivie depuis l’âge 37ans pour MC iléo-colique associée à une spondylarthropathie ankylosante (SPA) dans sa forme axiale symptomatique. La patiente a été traitée par anti TNFα (infliximab) et méthotrexate pour sa SPA pendant 18 mois avec amélioration partielle sur le plan rhumatologique. L’évolution était favorable sur le plan digestif. Deux ans après, elle s’est présenté pour une claudication intermittente du membre supérieur gauche évoluant depuis 6 mois. L’examen clinique avait objectivé une diminution des pouls du membre supérieur gauche et une asymétrie tensionnelle de 30mmHg pour la systolique. Un angioscanner a été indiqué et avait montré une hypoplasie de l’artère sous clavière gauche qui était le siège d’un épaississement pariétal diffus. Une vascularite type MT a été retenue. La patiente a été donc remise sous méthotrexate et corticoïdes oraux. L’évolution était favorable sur le plan vasculaire et digestif mais elle gardait des cervicalgies invalidantes motivant la reprise de l’infliximab.Malgré des différences dans leurs caractéristiques démographiques et cliniques, la MC et la MT partagent plusieurs similitudes, toutes les 2 surviennent préférentiellement chez le sujet jeune de sexe féminin. La présence d’un infiltrat inflammatoire granulomateux est commune aux 2 entités. Sur le plan immunologique, un mécanisme incluant essentiellement des lymphocytes type TH1 est incriminé dans la physiopathologie des 2 pathologies.La coexistence de MC et MT ne semble pas être fortuite et ne semble pas modifier l’évolution naturelle des 2 pathologies. Le caractère granulomateux de l’infiltrat inflammatoire de la paroi vasculaire semble être la résultante de l’effet pro-inflammatoire de plusieurs cytokines, telles que le TNFα et les IL-6, -8, -12 et -18 communes aux deux entités.