Propos. – Les données épidémiologiques sur l'insuffisance cardiaque (IC) sont rares en France et émanent surtout de structures hospitalières. L'objectif de notre travail est d'estimer la prévalence de l'IC et sa prise en charge chez les sujets de 60 ans et plus vus par les médecins généralistes en France.Méthodes. – Un questionnaire standardisé à remplir pour tout patient de 60 ans et plus, vu au cabinet ou à domicile, un jour donné tiré au sort en 2002 a été envoyé à 900 médecins généralistes libéraux du réseau Sentinelles de l'Inserm. Les données de l'INSEE et de la CNAMTS ont été utilisées pour calculer la prévalence de l'IC.Résultats. – Quatre cent trente-quatre médecins ont répondu à l'enquête, rapportant des informations sur 1797 patients dont 214 sont déclarés insuffisants cardiaques. Parmi ces derniers patients âgés de 79 ans en moyenne, 95 % ont consulté un cardiologue. Une échocardiographie est disponible pour 58 % d'entre eux. Comparativement aux patients non insuffisants cardiaques, les patients insuffisants cardiaques sont plus dépendants, plus souvent vus à domicile et nécessitent plus souvent une hospitalisation (p<0,001, ajusté sur l'âge). 42 % des patients insuffisants cardiaques ont une fraction d'éjection du ventricule gauche inférieure à 40 %, et tous reçoivent alors un inhibiteur de l'enzyme de conversion ou du récepteur de l'angiotensine. La prévalence de l'IC chez les patients âgés de 60 ans et plus consultant en médecine générale en France peut être estimée à 11,9 % (IC95 % : 10,5–13,5), et à 2,19 % (1,9–2,5) dans la population générale. Cette prévalence augmente avec l'âge, pour atteindre plus de 20 % chez les 80 ans et plus.Conclusions. – L'IC chez les patients âgés de 60 ans et plus consultant en médecine générale en France se caractérise par une prévalence élevée et par une consommation médicale importante en termes de nombre de consultations à domicile et d'hospitalisation. Pour le médecin généraliste, le diagnostic d'IC repose sur l'avis du cardiologue plus que sur l'échocardiographie. La prise en charge thérapeutique est en adéquation avec les recommandations actuelles.
Background. – Epidemiological data on heart failure's epidemiology in France are scarce and mostly hospital based. The present study's objective is to estimate the prevalence of heart failure (HF) and its management, in subjects aged 60 years and older seen by the French general practitioners (GP).Methods. – A standardised questionnaire was mailed to 900 GPs of the Sentinelles network, requiring answers for any patient aged 60 years and more, seen on a randomly assigned single day of year 2002. National census and health insurance data were used to estimate prevalence.Results. – 434 GPs answered, reporting data for 1797 patients aged 60 years and more. The 214 patients with HF, aged 79 years on average, had been seen by a cardiologist in 95% of cases. Results of an echocardiography was available for 58% of HF patients. Compared to non-HF patients, patients with HF were significantly more dependent, more frequently requiring home visit of the GP and more frequently hospitalised (p < 0.001, age adjusted). All the 42% HF patients with a reported left ventricle ejection fraction lower than 40% were treated with an angiotensin converting enzyme inhibitor or an angiotensin receptor inhibitor. The prevalence of HF among patients aged 60 years and older was estimated at 11.9% in general practice (95% confidence interval: 10.5-13.5), and at 2.19% (1.9-2.5) in the general population. The prevalence increased with age, over 20% in persons aged 80 years and more.Conclusion. – HF in patients aged 60 years and more seen in general practice in France is characterised by a high prevalence and medical consumption in terms of required number of hospitalisation and GP's home visit. For the GP, the diagnosis of HF relies on the cardiologist more than on an echocardiography. The therapeutic management seems to fit the actual recommendations.