Le retard au diagnostic de l’infection à VIH constitue un obstacle majeur à la prise en charge optimale de cette affection à l’ère de la trithérapie. Nous avons réalisé chez les patients infectés par le VIH nouvellement dépistés à la clinique des maladies infectieuses de Fann : une étude descriptive des aspects épidémiocliniques, évolutifs et des antécédents pathologiques récents ; et une enquête socio-anthropologique pour comprendre et décrire la logique des processus décisionnels dans la quête thérapeutique des patients.Cent patients ont été inclus, avec une moyenne d’âge de 39,5±11,1ans et un sex-ratio de 1,08. La diarrhée chronique (64 %) et/ou la toux chronique (66 %) ont été les principales circonstances de découverte. Le retard diagnostic était de 5±4,27mois en moyenne. Les principaux diagnostics retenus étaient la tuberculose (44 cas) et les entérocolites infectieuses (23 cas). La majorité des patients (97 %) étaient au stade de sida et 30 % sont décédés en cours d’hospitalisation. Dans les antécédents, 68 % des patients avaient consulté au moins trois fois, le plus souvent un « tradipraticien » la première fois et 43 % des patients avaient été hospitalisés au moins une fois. L’enquête qualitative a révélé que la « représentation » et le « sentiment de gravité » de la maladie sont les principaux éléments qui ont motivé la consultation du « tradipraticien » et du médecin, respectivement.Une sensibilisation des praticiens et une éducation des populations sont nécessaires pour un dépistage plus précoce du VIH.
The delay in the diagnosis of HIV infection is a major obstacle to optimal care for this disease. To deal with this problem, we conducted this study among newly diagnosed HIV patients hospitalized in the Fann University Hospital Infectious Diseases Clinic in Dakar. The epidemiological, clinical, biological and outcome aspects are described and patient history reviewed. A qualitative socio-anthropological study was made to understand and describe the logic of the decision processes in the patient's search for treatment.One hundred patients were included, with a mean age of 39.5±11.1years and a sex-ratio: 1.08. The transmission was mainly heterosexual (90%), and chronic diarrhea (64%) and/or chronic cough (66%) were the principal symptoms leading to diagnosis. The mean delay before diagnosis was 5±4.27months. The major opportunistic diseases were tuberculosis (44 cases) and infectious diarrhea (23 cases). Most patients were diagnosed at the AIDS stage (97%) and the death rate was 30% among hospitalized patients after admission. Sixty-eight percent of patients had consulted at least three times, generally a “traditional practitioner”, at first and 43% had been hospitalized at least once. The qualitative investigation revealed that the “representation” or the “feeling of severity” of the disease were the principal justifications for consulting the “traditional practitioner” or the physician, respectively.Better information for health workers and global population is necessary for an earlier diagnosis of HIV infection in Dakar.