La présence d’une biologie antiphospholipides (anticoagulant circulant lupique, anticorps anticardiolipine et/ou anti B2GP1) est considérée comme un facteur de risque de complications obstétricales mais le poids relatif de la biologie et des différentes manifestations cliniques n’est pas bien connu. Nous avons analysé les complications obstétricales et maternelles chez les patientes ayant une biologie antiphospholipides confirmée qu’elle soit associée ou non à un syndrome des antiphospholipides.Étude rétrospective multicentrique des grossesses survenues entre 2000 et 2014, chez des patientes ayant une biologie anticoagulant circulant lupique connue et confirmée à 12 semaines d’intervalle. Les patientes ont été réparties en 4 groupes :– syndrome des antiphospholipides thrombotique : antécédents de thrombose(s) avec ou sans manifestations obstétricales (critères de Sydney) ;– syndrome des antiphospholipides obstétrical : manifestations obstétricales isolées ;– syndrome des antiphospholipides incomplet : biologie anticoagulant circulant lupique et manifestations cliniques ne rentrant pas dans la définition du syndrome des antiphospholipides (par exemple : 2 fausses couches, un syndrome HELLP à partir de 34 SA ou une chorée) ;– biologie anticoagulant circulant lupique : biologie antiphospholipides isolée.Les patientes avec une connectivite associée (et notamment un lupus défini) étaient exclues.Deux cent patientes dont 127 (63 %) avec un syndrome des antiphospholipides défini, ont été incluses, avec un total de 283 grossesses survenues. Le patientes étaient ainsi réparties : « syndrome des antiphospholipides thrombotique » (42 patientes ; 66 grossesses), « syndrome des antiphospholipides obstétrical » (85 patientes ; 124 grossesses), « syndrome des antiphospholipides incomplet » (39 patientes ; 54 grossesses) et « biologie anticoagulant circulant lupique » (34 patientes ; 39 grossesses). Quarante-six patientes (23 %) étaient « triples positives » (18 « syndrome des antiphospholipides thrombotique », 14 « syndrome des antiphospholipides obstétrical », 7 « syndrome des antiphospholipides incomplet », 7 « biologie anticoagulant circulant lupique »). L’âge médian au moment de la grossesse était de 32,4ans (SD : 5,1) et le taux global de naissance vivante était de 88 %. Quatre-vingt-dix pour cent des grossesses dans un contexte de syndrome des antiphospholipides thrombotique et 86 % des grossesses dans un contexte de syndrome des antiphospholipides obstétrical étaient menées avec un traitement associant l’aspirine à dose antiagrégante et l’héparine de bas poids moléculaire et 66 % du groupe biologie anticoagulant circulant lupique isolée avec un traitement par l’aspirine à dose antiagrégante. Cinquante grossesses (18 %) étaient émaillées d’une complication obstétricale. Le groupe « syndrome des antiphospholipides thrombotique » était le plus à risque de complications obstétricales (24 %), suivi par les groupes « syndrome des antiphospholipides obstétrical » et « biologie anticoagulant circulant lupique » (18 %), alors que peu de complications étaient observées chez les patientes « syndrome des antiphospholipides incomplet » (9 %). Quatorze complications maternelles (5 %) étaient observées : évènements thrombotiques chez 7 patientes (3 thromboses veineuses profondes, 1 embolie pulmonaire, 1 infarctus du myocarde, 2 syndromes catastrophiques des antiphospholipides) et manifestations cliniques autres chez 7 patientes également (thrombopénie, anémie hémolytique, épilepsie). Les évènements thrombotiques survenaient préférentiellement dans le postpartum ou abortum (4/7), chez les patientes ayant un syndrome des antiphospholipides thrombotique (5/7, p<0,005) et/ou chez les patientes triples positives pour la biologie anticoagulant circulant lupique (4/7, p=0,05).Dans cette étude, le risque de complications obstétricales et maternelles reste élevé, et ce, malgré un traitement paraissant bien conduit. Cela confirme que ces grossesses sont à haut risque de complications.