En physiothérapie, les évaluations standardisées constituent une appréciation systématique des paramètres thérapeutiques pertinents sous la forme d’une auto-évaluation ou d’une évaluation par des tiers [1]. En 2004, Peter Oesch et al. ont réalisé une enquête sur la connaissance et l’utilisation des évaluations dans des hôpitaux et cliniques de réadaptation de Suisse alémanique [2]. Le changement de situation depuis 2004 : la modification de la structure de formation des professions de la Santé [3], l’attente accrue de preuves de performance de la physiothérapie de la part des assureurs [4] et la possibilité d’obtenir rapidement des informations concernant les évaluations [5] laissent présumer que la connaissance et l’utilisation des évaluations dans des hôpitaux et cliniques de réadaptation de Suisse alémanique ont changé depuis l’enquête de 2004.L’objectif du travail était d’apporter une réponse aux questions suivantes : la connaissance et l’utilisation par les physiothérapeutes des évaluations dans le domaine de la réadaptation musculosquelettique dans les hôpitaux et cliniques de réadaptation de Suisse alémanique ont-elles changé depuis l’enquête d’Oesch et al. en 2004 ? L’utilisation des évaluations qui mesurent le niveau d’activité et de participation a-t-elle augmenté depuis 2004 ?Un formulaire en ligne a été développé sur le modèle de l’enquête de 2004 et a ensuite été adressé à 116 hôpitaux et cliniques de réadaptation de Suisse alémanique. Après quatre semaines, 252 réponses ont pu être évaluées. Les résultats de l’enquête de 2013 ont ensuite été comparés à ceux de l’enquête de 2004 ; les différences entre connaissance et utilisation ont ainsi pu être évaluées. L’évaluation des différences a été effectuée de manière descriptive et l’interprétation des résultats au moyen d’une recherche de littérature non systématique.L’échelle visuelle analogique de la douleur (EVA) a présenté la plus forte augmentation des huit outils d’évaluation les plus connus (différence de 46,74 PP concernant la connaissance et de 45,67 PP concernant l’utilisation). Au niveau des activités et de la participation, le questionnaire « Disability of Arm, Shoulder and Hand » (incapacité du bras, de l’épaule et de la main – DASH) (34,22 PP, 30,06 PP), l’Oswestry Disability Index (ODI) (24,94 PP, 21,41 PP), le Roland and Morris Disability Questionnaire (RDQ) (22,35 PP, 19,32 PP) et le Fear Avoidance Beliefs Questionnaire (appréhension et évitement, FABQ) (22,33 PP, 12,70 PP) ont présenté les différences les plus importantes en ce qui concerne leur connaissance et leur utilisation. En comparaison avec l’enquête de 2004, le sous-groupe « jeunes diplômés » de l’enquête de 2013 présente une augmentation de la connaissance des évaluations.La connaissance et l’utilisation des évaluations ont pour l’essentiel fortement augmenté. Les évaluations qui mesurent le niveau des activités et de la participation sont beaucoup plus utilisées qu’en 2004. Les early adopters sont susceptibles de jouer un rôle-clé dans la mise en œuvre de l’évidence dans les pratiques l’utilisation conséquente de ces outils.