L’aortite tuberculeuse (AT) est rare. Moins de 100 cas ont été publiés et il n’existe pas de séries récentes. Dans cette série rétrospective, nous décrivons la présentation clinicoradiologique et l’évolution de 11 patients présentant une aortite tuberculeuse (AT).Étude rétrospective observationnelle multicentrique sur une période de 12ans (d’avril 2003 à décembre 2015) de patients atteints de AT définie par la présence d’une aortite radiologique concomitante d’une tuberculose active. Les patients ont été identifiés par un appel à observations.Onze patients ont été identifiés (8 femmes, avec un âge médian de 44,6ans). Aucun patient n’était immunodéprimé. Le délai médian entre le premier symptôme et le diagnostic était de 18 mois. La présence de signes généraux ou extravasculaires (adénopathies, érythème noueux, uvéite) était constante. Les signes vasculaires étaient dominées par la claudication d’un membre (n=5), une douleur thoracique ou abdominale (n=3), une asymétrie tensionnelle (n=3) et l’abolition d’un pouls (n=3). La tomodensitométrie aortique retrouvait une lésion pseudo-anévrysmale (n=8) ou un épaississement isolé de la paroi de l’aorte (n=3) responsable de sténose aortique (n=2). Les lésions étaient thoraciques (n=4), abdominales (n=2) ou panaortiques (n=5). Une atteinte par contiguïté (adénopathies périaortiques) était suspectée chez 3 patients. Une histologie artérielle a été obtenue chez 8 patients montrant un granulome tuberculoïde dans 5 cas. La preuve microbiologique de l’infection tuberculeuse n’était obtenue que dans 3 cas. En l’absence de preuve microbiologique, l’IDR et/ou le quantiferon étaient toujours positifs. Tous les patients ont reçu une quadrithérapie antituberculeuse suivie d’une bithérapie pour une durée totale de 6 à 12 mois. Huit interventions chirurgicales dont deux en urgence ont été réalisées. Sept patients ont reçu une corticothérapie initiée au diagnostic (n=5) ou à distance (n=2). Tous les patients ont été améliorés par le traitement et aucun décès n’est survenu pendant le suivi. Le suivi tomodensitométrique à plus long terme chez 8 patients montrait la stabilité lésionnelle (n=4) ou l’aggravation (n=4) de lésions anciennes motivant une reprise chirurgicale chez 2 patients.La TA est une forme rare de tuberculose de diagnostic difficile. La preuve microbiologique est inconstante et le diagnostic repose le plus souvent sur un faisceau d’argument clinique, morphologique et histologique. L’atteinte aortique reste dominée par les lésions pseudo-anévrysmales mais peut également mimer une aortite de type Takayasu. Les corticoïdes peuvent être associés au traitement antibiotique dans les formes sténosantes. La chirurgie reste systématique pour les atteintes pseudo-anévrysmales.