Objectifs
L'hypothèse de “l'effet du migrant en bonne santé” (EMS) postule que la sélection de la santé a un effet positif sur les résultats de santé des immigrants, en particulier dans les premières années après la migration. Nous avons examiné le rôle potentiel de l’EMS en évaluant l'association entre la durée de séjour et la survenue de la maladie.
Méthodes
Nous avons réalisé une étude prospective de cohorte historique. Nous avons inclus les immigrants qui ont obtenu un permis de séjour au Danemark entre le 01 janvier 1993 et le 31 décembre 2010 (n = 114 331). La survenue de conditions sévères a été identifiée grâce aux liens avec le registre national danois des patients. Les rapports de risque (HR) ont été modélisés pour l'incidence de la maladie selon la durée de résidence depuis l'arrivée (0 à 5 ans, 0 à 10 ans et 0 à 18 ans) et ajustés pour l’âge et le sexe.
Résultats
Comparativement aux personnes nées au Danemark, les réfugiés et les immigrants de regroupement familial avaient un HR inférieur d’AVC et de cancer du sein dans les 5 ans après l'arrivée. Cependant, le HR augmentait sur un suivi plus long. Par exemple, le HR pour l’AVC chez les réfugiés passait de 0,77 (IC95%: 0,66–0,91) à 0,96 (IC95%: 0,88–1,05). Pour la maladie cardiaque ischémique (MCI) et le diabète, les réfugiés et les immigrants de regroupement familial avaient un HR plus élevé dans les 5 ans après l'arrivée et la plupart des HR augmentaient à la fin du suivi. Par exemple, le HR pour la MCI chez les immigrants de regroupement familial a augmenté de 1,29 (IC95%: 1,17–1,42) à 1,43 (IC95%: 1,39–1,52). En revanche, les HR pour la tuberculose et le VIH/SIDA ont montré une diminution constante au cours du temps.
Conclusion
Nos analyses de l'effet de la durée de résidence sur la survenue de la maladie chez les immigrants impliquent que, pour expliquer les résultats de santé avantageux pour les immigrants, la théorie courante de l’EMS doit être utilisée avec prudence et d'autres modèles explicatifs devraient être inclus.