Considéré comme une curiosité clinique, le syndrome de Lasthénie de Ferjol, initialement décrit par Jean Bernard, suscite toujours beaucoup d’intérêt chez les médecins. Le cas rapporté d’un jeune patient pour lequel ce trouble comportemental est évoqué souligne la complexité de la lecture psychiatrique de ce syndrome et sa place dans la nosographie psychiatrique. Ce syndrome ne se résume à aucun cadre nosographique prédéterminé. Comme pour les troubles du comportement alimentaire ou les conduites addictives dont il partage certaines caractéristiques, ce trouble des conduites peut renvoyer à une structure psychotique, névrotique, voire limite. La perplexité dans laquelle cette affection laisse le médecin est liée au fait que la relation médecin–malade est pervertie. Autour du médecin, figure centrale du scénario de ces patientes, se jouent les conflits d’ambivalence, d’amour et de haine, de passivité–activité, allant jusqu’à l’instauration d’une relation d’emprise souvent importante. Ce court-circuit sanglant, souvent mortifère dans sa confrontation permanente à la mort, témoigne avant tout d’une pathologie de la relation à l’autre.
Considered as a clinical addity, the Lasthénie de Ferjol syndrome described at first by Jean Bernard still arouses tremendous interest among doctors. The description of the case of a young patient's behavioural disorder underlines the complex interpretation of this syndrome and belongs to psychiatric nosography. This syndrome does not fit in any predetermined nosographical framework. Just like nutritional disorders or addictive behaviours with somewhat similar characteristics, this behavioural disorder refers to a structure that can be psychotic or neurotic, not to say borderline. This affection leaves doctors in a state of great confusion as the relationship between the doctor and patient is distorted. The doctor is the main character of the patient's scenarios and conflicts of ambivalence, of love, of hatred and of passivity–activity enacted around him or her going as far as installing a true hold over the protagonists. This bloody short-circuit, often lethal in its permanent confrontation with death, testifies to a pathology concerning the relation with the other.